La forêt de Blois
Contexte géologique
La forêt de Blois se développe sur une fine couche de sols limoneux tapissée de sols organiques. Ces formations peu épaisses surmontent des sols argilo-siliceux (argiles à silex du Sénonien, étage géologique du Crétacé supérieur) provenant de l’altération de la craie à silex sous-jacente ou plus rarement du calcaire de Beauce (formation sédimentaire d’origine lacustre de l’ aquitanien).
Les couches supérieures sont donc constituées de sols pauvres et acides propices au peuplement de la forêt par des espèces calcifuge tel que le chêne sessile (ou chêne rouvre) qui prédomine très argement en forêt de Blois.
Sources : Comité Départemental de la Protection de la Nature et de l’Environnement (CDPNE)
Située sur la partie sommitale de l’anticlinal d’Herbault elle présente un léger bombement orienté WNW-ESE puis NW-SE (point culminant 143m – Parcelle 69).
Caractéristiques
La forêt de Blois s’étend sur une superficie de 2749,45 hectares dont environ :
- 558 hectares (20%) sur la commune de Molineuf,
- 410 hectares (15%) sur la commune de Chambon/Cisse
soit 968 ha (35%) sur Valencisse
- 970 hectares (35%) sur la commune de Blois
- 458 hectares (17%) sur la commune de Saint-Sulpice
- 351 hectares (13%) sur la commune de Chouzy/Cisse
Allée de la Loire hiver 2013
Son périmètre est de 33km environ. Ses limites sont le plus souvent matérialisées par un fossé dont 23km sont propriété de l’État.
Elle est subdivisée en 162 parcelles qui occupent une superficie de 16,9 ha en moyenne.
Elle est classée en ZNIEFF de type 2 (ref. n° 5021)
La forêt de Blois est traversée d’est en ouest par la RD.766 (Blois à Angers) et par l’allée de Coulanges qui sont pratiquement les seules voies à être ouvertes à la circulation automobile. Elle abrite 116 mares qui attirent de nombreuses espèces et accueillent en leur sein de nombreux batraciens, dont les quatre espèces de tritons existant en France.
Nota: selon les relevés cadastraux, la superficie cadastrale de la forêt de Blois serait de 2739,96 ha.
Elle est également sillonnée par un réseau d’allées forestières en étoile qui sont ouvertes aux promeneurs et aux 2 roues non motorisés. Parmi les plus importantes on trouve:
- d’est en ouest
-
- l’allée de Bury : 6,164km
- l’allée de Bégon : 4,044km
- du nord au sud
-
- l’allée de Saint-Lubin à la Vicomté : 7,541km
- l’allée de la Loire : 7,346km
- l’allée de Catherine de Médicis : 5,143km
-
- du nord -ouest au sud-est
- l’allée de Louis XII : 4,773km
du nord -est au sud-ouest - l’allée de Gaston d’Orléans : 4,126km
- l’allée d’Anne de Bretagne : 4,907km
- l’allée de Louis XII : 4,773km
Enfin, plusieurs kilomètres de sentiers forestiers viennent compléter ce réseau dont quelques uns, repérés par un fléchage spécifique, sont ouverts aux promeneurs, aux VTtistes et aux chevaux montés..
Les limites de forêt
Comme on l’a dit plus avant, les limites de la forêt sont souvent matérialisées par la présence d’un fossé. C’est un arrêté de Colbert qui instaura l’obligation faite aux riverains du domaine royal de créer ces délimitations qui furent intégrés au domaine royal (Titre de la police et conservation des Forest, Eaux et Rivieres Article iV : « Tous les riverains possedant bois joignant nos forests et buissons, seront tenus de les separer des nostres par des fossez, ayant quatre pieds de largeur et cinq pieds de profondeur, qu’ils entretiendront en cet estat a peine de reunion».
On trouve également en limite de forêt des bornes de pierre souvent marquées d’un motif en creux, soit une armoirie soit un chiffre ou une fleur de lys. L’IGN a entrepris de localiser ces bornes (voir ICI) .
Plan de la forêt de Blois
Conception : La Molineuvoise
Sources : ONF – SCAN 25® – © IGN – 2024
Gestion de la forêt.
En 1291, Philippe Le bel crée l’administration des Eaux et Forêts, première structure de gestion du patrimoine forestier et ancêtre de l’Office Nationale des Forêts qui lui succède en 1966. Selon l’inventaire forestier de 2022, la France compte 17,1 millions d’hectares de forêt couvrant 30,8% du territoire. L’ONF gère aujourd’hui plus de 12 millions d’hectares de forêts et d’espaces naturels dont 4,6 millions d’hectares de forêts tempérées en métropole parmi lesquels on compte 1,7 millions d’hectares de forêts domaniales et 2,9 millions d’hectares de forêts de collectivités locales. La forêt domaniale représente un peu plus de 10% du total de la forêt française constituée pour l’essentiel de forêts et de bois privés (75%). Avec une superficie de 35 000 hectares, la forêt d’Orléans est la plus vaste forêt domaniale de France.
Actuellement, la gestion de la forêt de Blois par l’ONF s’appuie du le plan d’aménagement forestier 2009-2028 ayant pour objectif la production de bois d’œuvre de chênes de haute qualité (le chêne rouvre, espèce dominante en forêt de Blois donne un bois à grain fin très recherché en tonnellerie). Dans ce but, des coupes de regénération permettront la création de 360 ha de jeunes semis en remplacement des arbres âgés de plus de 2 siècles qui sont progressivement abattus et commercialisés auprès des exploitants forestiers.
Sources : INVENTAIRE FORESTIER (ign.fr)
Inventaire forestier 2022 – Memento 2023
Le marquage des arbres
Deux types de signalisations sur les arbres existent en forêt. Celles destinées à baliser les sentiers servent à orienter les randonneurs, cavaliers et cyclistes sur les chemins. Les autres, liées à la gestion forestière, expriment des actes sylvicoles.
Lorsqu’une coupe est prévue en forêt, les forestiers désignent les arbres à couper ou, au contraire, ceux à conserver. Bien visibles à l’œil nu, les marques, réalisées le plus souvent à la peinture, se portent sur le tronc à hauteur d’homme. En les identifiant, les bucherons se repèrent facilement et suivent alors leurs recommandations colorimétriques ou typographiques.
En les identifiant, les bucherons se repèrent facilement et suivent alors leurs recommandations colorimétriques ou typographiques.
Les couleurs chaudes (rouges, orange, jaune) indiquent les arbres à enlever, le rouge étant le plus courant. Les couleurs froides (blanc, vert, bleu), sont utilisées pour des marquages pérennes. Dans certains, la technique consiste à repérer uniquement les arbres à conserver, tous les autres étant abattus.
Une Ligne blanche horizontale marque la limite d’une zone concernée par l’intervention.
D’autres arbres en revanche sont marqués à la peinture chamois pour signifier qu’ils seront conservés pour leur haute valeur biologique. Les jeunes arbres à conserver sont nommés « baliveau«
La technique de marquage appelée martelage par les forestier consiste à désigner, au marteau ou à la peinture, les arbres à récolter au profit d’autres beaux arbres qui vont poursuivre leur croissance et auront plus de place pour se développer.
Grâce à une gestion rigoureuse et durable des agents de l’ONF, la forêt de Blois est peuplée de magnifiques chênes qui se dressent à une hauteur de 15 à 20m et dépassent parfois plus de 200 ans. Ces sont des arbres recherchés pour la qualité de leur bois à grain fin notamment pour la tonnellerie. Quelques arbres se distinguent par leurs dimensions importantes : le chêne Jagerschmidt (section n°41), du nom d’un ingénieur forestier du XXe siècle, et le chêne dit « les jumelles » avec ses 6,5m de circonférence et ses 35m de haut (section n°27).
Les principales essences forestières
Le chêne rouvre ou chêne sessile est le plus représenté dans le forêt de Blois. C’est un grand arbre de 20 à 40 mètres de haut, à feuillage caduc. Il a une longévité de 500 à 1000 ans et fructifie à partir de l’âge de 60 à 70 ans. On le distingue par le fait que ses glands sont regroupés en grappes accrochées directement au rameau (d’où son nom de chêne sessile) et par son écorce presque lisse et fissurée dans le sens longitudinal.
Relativement fréquent en forêt de Blois, le charme se développe en sous-étage uniquement. C’est un arbre à tronc cannelé et écorce lisse. Il croît lentement et ne vit guère au-delà de 100 ans. Il dépasse rarement 20m et 0,50m de diamètre.
Le chêne pédonculé, très peu représenté en forêt de Blois, est un arbre au houppier irrégulier, qui peut atteindre 50 mètres de haut et 2 mètres de diamètre. Son tronc est droit et cylindrique et son écorce est creusée de profonds sillons entrecoupés par des fissures transversales. Sa longévité est de 700 ans environ.
Le hêtre est très peu présent en forêt de Blois. Il a été introduit en sous-étage comme essence d’accompagnement. Cet arbre a besoin d’humidité atmosphérique mais il craint les sols trop humides. Il est sensible aux grands froids et aux fortes chaleurs. Il prospère dans la partie Nord de la France, notamment en Normandie et surtout dans l’Est de la France..
Il peut atteindre 40m de hauteur avec un tronc remarquablement droit et lisse. Il vit 200 à 250 ans.
Un peu d'histoire
La forêt de Blois constitue l’un des derniers vestiges de l’ancienne forêt des Blémars qui recouvrait la plus grande partie de la Gâtine tourangelle jusqu’au XIIIème siècle. Au cours du XIème et du XIIème siècle, les moines de l’abbaye de Marmoutier fondée en 372, entreprirent le défrichement de ce massif forestier, alors réputé presque infranchissable.
Durant la guerre de cent ans qui opposa les Plantagenets eux Valois de 1337 à 1453, la forêt de Blois servit de frontière entre les belligérants. Un lieu nommé « La vallée des Anglais » à Molineuf témoigne de ce passé historique.
Au XIVème siècle, la forêt de Blois, alors propriété des Comtes de Blois, fût vendue en 1391 à Louis Ier d’orléans dont le petit fils, Louis XII, fut couronné roi de France en 1498. C’est par cet acte que la forêt de Blois devint propriété du royaume de France jusqu’en 1791, date de son rattachement au domaine de l’Etat français.
Les limites de la forêt de Blois n’ont pratiquement pas évolué depuis le XVème siècle.
Au cours de la première guerre mondiale, la forêt de Blois fut le siège d’un camp d’entraînement militaire pour les jeunes recrues formées à la guerre de tranchées au lieu-dit « Les Sablonnières » à Chambon sur Cisse (coordonnées GPS :47.55981 1.24185).
Durant la seconde guerre mondiale, les Allemands utilisèrent le forêt de Blois pour entreposer des obus et munitions. Mais le plus imposant vestige de cette époque est un mirador en béton haut d’une vingtaine de mètres édifié par les Allemands en 1940-1941. Ce mirador encore visible aujourd’hui est situé dans la partie Est de la forêt dans la section n°48 (coordonnées GPS :47.575361, 1.281250 .)
La forêt de Blois et le tramway
En 1866 fut créé la Compagnie des tramways de Loir-et-Cher (TLC) dont le but était de desservir les principales villes du département et de permettre des interconnexions avec le réseau des grandes lignes de chemin de fer qui existaient alors. Seront créés par cette compagnie 337km de voie ferrée dont quelques-uns hors département, qui seront complétés dès 1910 par le réseau du Tramway Electrique de Loir-et-Cher (TELC). Le réseau entre en service en 1888 par la ligne Blois-Lamotte-Beuvron. Il comprendra 5 lignes dont celle de Blois Les Lices à Château-Renault qui ouvre en 1908 et traversera la forêt de Blois. On décide de la faire passer par l’actuelle allée forestière de Coulanges pour rejoindre la vallée de la Cisse à Coulanges. De là, la ligne desservait ensuite les villages de Chambon/Cisse, Molineuf, Orchaise, Herbault, Saint-Etienne-des-Guérets où elle quittait le Loir-et-Cher en direction de Château-Renault. Le tramway s’arrêtait ainsi successivement à : Blois Les Lices (correspondance à Blois-Chambord pour Orléans, Tours, Romorantin et Vendôme), Blois-Poudrière, Carrefour de l’Hermitage, Carrefour Gaston-d’Orléans, Coulanges, Chambon, Bury, Moulineuf, Orchaise, Herbault, Saint-Etienne-des-Guérets, Saint-Nicolas-des-Motets, Saunay, Château-Renault-Saint-Malo, Château-Renault-PO (correspondance pour Vendôme, Tours, Montoire, Vouvray et Port-Boulet). Parfois, il faisait halte en d’autres lieux selon les besoins des passagers ou pour faire refroidir la machine qui s’essoufflait vite après les côtes de la vallée de la Cisse.
Chaque ville et village avait sa gare dont la plupart n’existe plus à ce jour. De ce passé il ne reste pas grand chose, on trouve seulement quelques traces du passage du tramway en forêt de Blois à Coulanges (remblai ferroviaire – section 140). On trouve également d’anciens remblais ferroviaires à Chambon (Les Patis) et à Orchaise (Le Bois d’Orchaise).
La ligne de tramway s’arrêta en 1934. Il en fut de même pour toutes les lignes de la TLC et de la TELC, certaines arrêtées plus tôt, toutes emportées par l’avènement de l’automobile.
Nous avons pu retracer le parcours de la ligne entre Blois et Orchaise en nous appuyant sur le cadastre. Pour les reste du parcours nous nous appuyons sur la carte du tracé trouvée sur le site Archéologie Ferroviaire.
Voir quelques anecdotes sur le blog https://plumedhistoire.memorial41.fr/
La faune en forêt de Blois
Milieu naturel préservé à deux pas de la ville, la forêt domaniale de Blois bénéficie d’une riche biodiversité grâce au travail efficace des agents de l’ONF soutenus par différentes associations spécialisées dans la défense et la préservation de la biodiversité.
Si les mammifères sont nombreux : chevreuils, renards, blaireaux, hérissons, écureuils, lapins de garenne, fouines, martres et sangliers particulièrement représenté, la forêt de Blois est surtout un véritable sanctuaire pour de nombreux amphibiens grâce à l’existence de nombreuses mares : salamandres tachetées, les 4 espèces de tritons existant en France : palmés, alpestres, marbrés et crêtés), des grenouilles vertes ou agiles, des grenouilles rousses (cette espèce emblématique de la forêt de Blois est aujord’hui menacée) ou l’alyte accoucheur.
On recense également plusieurs espèces de reptiles, d’oiseaux et d’Insectes. Cette diversité fait de la forêt de Blois un espace naturel d’une très grande richesse que l’on doit préserver comme ont su le faire nos prédécesseurs.
La chasse en forêt de Blois
La chasse permet de préserver l’équilibre entre la faune et la flore en limitant les populations de sangliers, cerfs, chevreuils. Des journées de chasse sont organisées principalement en automne et en hiver. Durant cette période, les zones chassées sont dangereuses pour le public.
La forêt de Blois est séparée en 3 lots qui définissent les zones et les jours de chasse. La chasse est pratiquée dans le Loir et Cher du 24 septembre 2023 au 29 février 2024.
» Selon le bilan patrimonial réalisé en 2015 par l’ONF, plus d’1/3 des surfaces des forêts domaniales, appartenant à l’Etat, sont en situation de déséquilibre forêt-gibier à cause d’une surpopulation d’ongulés (cerfs, chevreuils, sangliers).Le danger pour les forêts est réel. Présents en trop grand nombre, ces animaux consomment en quantité importante les jeunes arbres, compromettent ainsi la croissance et le renouvellement des peuplements forestiers et appauvrissent la diversité des essences, notamment celles adaptées au changement climatique. »
Selon l’article L.121-1 du code forestier, « l’Etat veille (…) à la régénération des peuplements forestiers dans des conditions satisfaisantes d’équilibre sylvo-cynégétique ». Cette mission fondamentale est confiée à l’ONF par l’article D.221-2 du code forestier.
La randonnée en forêt de Blois
Il existe de nombreux sentiers en forêt de Blois que vous pourrez emprunter pour randonner. Toutefois, si votre connaissance de la forêt ne vous permet pas de vous repérer facilement, il est conseillé de rester sur les grandes allées et de vous munir d’une carte détaillée et d’une boussole. Vous pourrez également vous repérer à l’aide des n° de section marqués sur les arbres en bordure des allées forestières (visible sur les cartes au 1/25000é de l’IGN). Une autre solution est de disposer d’un Gps nomade et de suivre l’une des nombreuses traces disponibles sur internet ou sur notre site (voir nos fiches randonnées).