La Cisse
Caractéristiques
La Cisse est un affluent de la Loire, côté rive droite, qui prend sa source dans la Beauce blésoise (petite Beauce) près de la commune de Conan en Loir-et-Cher à une altitude de 120m NGF. Elle coule sur deux départements, le Loir-et-Cher et l’Indre-et-Loire sur une longueur de 81 km environ au cours desquels elle reçoit les eaux de 7 affluents : la Sixtre, la Cisse landaise, le ruisseau de la Fontaine, le Cissereau, la Cisse meslandaise, la Ramberge et la Brenne. Elle rejoint la Loire à Vouvray (Indre-et-Loire) à la cote 45m NGF.
Son bassin versant s’étend sur une superficie de 838 km² complété par les 475 km² due bassin versant de la Brenne qui se déverse dans la Cisse . Le régime hydraulique de la Cisse est fortement influencé par les fluctuations de la nappe de Beauce qui constitue sa source d’alimentation principale. La nappe de la Craie n’intéresse la Cisse que dans son cours inférieur en aval de Molineuf
La Cisse s’écoule selon un axe nord-sud jusqu’à hauteur de Chouzy-sur-Cisse où elle se divise en 2 bras. L’un qui se jette directement dans la Loire, et l’autre qui poursuit son cours parallèlement à la Loire vers l’ouest qu’elle rejoint à Vouvray au Bec de Cisse en Indre-et-Loire. Elle coule selon une pente moyenne de 0,850/00 avec un débit de 2,2 m3/s en moyenne à hauteur de Nazelles-Négron (37) mais qui peut atteindre, à cet endroit, près de 30 m3/s durant les épisodes de crues exceptionnelles telle celles de 1999, 2001 et 2004 .
Pour télécharger les relevés de débits de la Cisse mesurés à la station hydrométrique de Coulages durant la période 1969-1984….. Cliquez ici
La crue de juin 2016c
Site hydrométrique – K485 3000 :
La Cisse à Nazelles-Négron.
Maxima instantanés mensuels et interannuels (QIXM)
Source : banque Hydro – MEDDE
Site hydrométrique – K485 3000 :
La Cisse à Nazelles-Négron.
Débit moyen mensuel
Source : banque Hydro – MEDDE
notamment par les apports de la source de la Fontaine (Orchaise) et de la source de Monteaux.
Les origines du nom de la Cisse sont discutées. Selon une hypothèse, la Cisse tirerait son nom du mot latin “cista” qui signifie “osier”, végétaux autrefois abondants dans les zones marécageuses traversée par la rivière.
Une autre hypothèse avance que le mot Cisse proviendrait du mot latin ‘scindo” qui signifie “découper”, la Cisse apparaissant comme une faille entre les plateaux Beaucerons et de la Gâtine.
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Aperçu géologique de la vallée de la Cisse
Placée au sein de l’unité géomorphologique de la Gâtine tourangelle (1), la vallée de la Cisse s’est formée au cours du Quaternaire il y a quelques dizaines de milliers d’années lorsque se mit en place le réseau hydrographique formant, à quelques choses près, les fleuves et rivières que nous connaissons. Par un long travail d’érosion, la Cisse entailla profondément les formations d’argile à silex résultant de la décalcification de la craie déposée au cours de l’ère secondaire.
A cette époque, une mer épicontinentale recouvrait pratiquement tout le bassin parisien. Cette mer en se retirant déposa des débris carbonatés à l’origine de ces formations crayeuses que l’on nomme ici ” craie de Blois ” et dont on peut voir à Molineuf des affleurements dans les pieds de coteau en falaise souvent creusé de caves. Les phénomènes karstiques sont nombreux au sein de ces formations; la grotte d’Orchaise en est un exemple les plus significatifs. Les formations lacustres des calcaires de Beauce apparus au cours du tertiaire qui occupent la plus grande part du plateau beauceron n’influencent la morphologie de la vallée de la Cisse que sur son cours supérieur.
La vallée de la Cisse est fréquemment entrecoupée de vallées secondaires correspondant à des vallées fossiles dépourvues de tout réseau hydrographique qui se sont formées au cours des périodes interglaciaires du quaternaire. A Molineuf, la vallée des Anglais (1), la Maltière (2) ou la vallée de la forêt de Blois (3) en sont des exemples caractéristiques.
Le fond de vallée marécageux est recouvert de sols tourbeux très compressibles en épaisseur variable qui peut atteindre plusieurs mètres par endroit rendant le secteur peu favorable aux activités humaines.
Un peu d'histoire
Les premiers témoignages de la présence humaine dans la vallée de la Cisse remontent à l’époque paléolithique qui s’achève vers -8000 av. J.-C ( découverte de d’éclats silex taillés notamment au lieu-dit “Les Marelles” à Chouzy mais aussi à Onzain ).
L’époque néolithique (entre 8 000 et 2 000 av. J.-C.) qui voit la naissance de l’agriculture et de l’élevage, correspond à une période de sédentarisation de population et le développement des premiers villages dans la vallée de la Cisse ( village néolithique de Fossé au lieudit “la vallée aux fleurs” et site de “la Grand Pierre” à Averdon). Les traces les plus significatives de cette époque sont les mégalithes que l’on peut voir encore de nos jours à Averdon, Landes-le-Gaulois et à la-Chapelle-Vendômoise.
Bien avant la conquête de la Gaule par Jules César, les Celtes occupent une grande partie de l’Europe. La tribu des Carnutes s’implante dans le sud-ouest du bassin parisien où ils fondent leur capitale Autricum (l’actuelle ville de Chartres) bientôt supplantée par Cenabum (Orléans). C’est un peuple de paysans et de commerçants qui va mettre en valeur les riches terres de Beauce.
Les régions au sud de la Beauce entre la vallée de la Loire et la vallée du Loir étaient alors recouvertes d’une forêt infranchissable, la forêt des Blémars. On peut donc penser que la vallée de la Cisse a probablement constitué à cette époque un chemin de passage qui contribuait aux échanges entre les provinces du nord et du sud de la Loire.
50 ans avant Jésus-Christ, les troupes romaines conduites par Jules César envahissent toute la Gaule. C’est la fin de la civilisation celtique et le début d’une longue période de domination romaine qui va durer près de cinq siècles. L’administration romaine, mise en place par l’empereur Auguste, place sous l’autorité du légat des Gaules la plupart des anciennes provinces de la Gaulle celtique. Peu à peu, la langue et le mode de vie des latins s’imposent sur toutes des dominations. C’est de cette époque que daterait l’apparition de la vigne à Molineuf.
Au cours du IIe siècle après Jésus-Christ, le christianisme, d’abord limité au sein des couches dirigeantes, finit par s’imposer dans toutes les couches de la société Gallo-romaine.
Au IIIe siècle, les Francs, peuples Germaniques installés sur le rive droite du Rhin envahissent le nord de la Gaule. En 486, Clovis, roi des Francs issu de la dynastie des mérovingiens, bat les troupes gallo-romaines du général romain Syagrius à la bataille de Soissons puis étend son royaume sur tout le nord de la Gaule. La conversion de Clovis au christianisme et son baptême à Reims en 496 par Saint-Rémi évêque de Reims fait de lui le premier roi catholique de France.
Dans la vallée de la Cisse plusieurs villages se développent à cette époque : Conno-Magus (Conan), Masava (Masves), Vicaria Everdunensis (Averdon), Saint_Bethaire (Saint-Bohaire), Pommeray (Saint-Sulpice), Saint-Lubin , Colonica (Coulanges) etc..
La dynastie des mérovingiens s’achève en 751 lorsque Pepin le Bref, père de Charlemagne et premier roi carolingien, devient roi des Francs. Il étend le royaume franc en s’appuyant sur le clergé de l’Église Catholique de qui il reçoit la légitimité du pouvoir par le rituel du sacre. Cet acte celle pour des siècles l’histoire de France à la Chrétienté.
Le rôle de l’Eglise catholique, outre celui de la conduite des âmes, devait prendre une importance considérable dans l’organisation économique et sociale de la France féodale.
En 834, Chouzy-sur-Cisse est le témoin des affrontements qui opposent Louis-le-Pieux, fils de Charlemagne et empereur d’Occident et son fils Lothaire. Quelques années plus tard, Chouzy est le théâtre des combats entre Robert-le-Fort, comte de Blois et les envahisseurs Normands venus de Scandinavie.
Dès le IXe siècle, l’abbaye de Marmoutier fondée au IVe siècle à Tours, étend son influence dans toute la vallée de la Cisse. Un prieuré est édifié à Chouzy au début du XIe siècle suivi des prieurés d’Orchaise, de Chambon puis du prieuré des Tirons édifié à Molineuf en 1121.
La haute Cisse jouait alors le rôle de frontière entre les terres des Comtes de Blois et des Ducs de Vendôme. Plusieurs villages (La-Chapelle-Vendômoise, Landes-le-Gaulois) furent témoins des affrontements qui opposèrent ces deux lignées pendant plus d’un siècle pour la délimitation de leur domaine.
Dans le même temps, les moines s’attaquent au défrichement de Blémars, forêt impénétrable qui s’étendait à l’ouest de Blois, entre la vallée de la Loire et la vallée du Loir. C’est également à partir de cette époque que Marmoutier développe l’implantation des moulins à eau dans la vallée de la Cisse et l’aménagement du cours de la rivière. Au total plus de 40 moulins seront édifiés dans la vallée dont plus de 20 sur le cours moyen de la Cisse, qui seront utilisés durant plusieurs siècles pour broyer le blé de Beauce. Des travaux importants sont entrepris pour canaliser le cours de la Cisse, souvent déviée de son lit naturel. L’activité de meunerie allait assurer la prospérité de la vallée pour une longue période, traversée par une récession durant la guerre de cent ans au cours de laquelle les troupes Anglaises s’emparèrent de la forteresse de Bury (1360) qui jouait alors d’un rôle statégique entre les possessions françaises et les conquêtes anglaises. L’activité de meunerie ne cessera qu’au XIXe siècle, vaincue par la mécanisation. Le moulin Coutant situé à la limite des communes de Saint-Lubin et de Molineuf fut le dernier moulin en activité jusqu ‘au début des années 1990.
A l’issue de la guerre de cent ans, la vallée de la Cisse allait retrouver une certaine prospérité qu’elle devra à la meunerie mais également à la culture de la vigne qui fournira un vin tant apprécié à la cour royale qui siégeait alors sur les bords de Loire. La prospérité revenue permet à la vallée de la Cisse d’accroître sa population. Se nombreuses églises sont restaurées ou agrandies. Plusieurs châteaux sont édifiés dont le château de Bury qui sera le premier château de la renaissance en France, mais aussi les châteaux de Freschines (Villefrancoeur), Toisy (la Chapelle-Vendômoise), Onzain. Ces constructions devaient se poursuivre jusqu’au XIXe siecle.
Quelques images de la vallée de la Cisse
Le moulin de champigny
Le vannage du moulin au printemps
Zone naturelle humide des Rinceaux
450m de platelage bois
1200m de sentiers enherbés
1 passerelle pour rejoindre les sentiers de randonnée
La Cisse au Gué Taureau
Vue depuis la rive gauche
Le moulin des charmes
Vannage du moulin des Charmes à Molineuf.
Le moulin des Charmes, autrefois nommé le moulin neuf, a donné son nom au village de Molineuf