Un peu d'histoire
Jusqu'en 1913, la commune de Molineuf portait le nom de
Saint-Secondin des vignes, nom qu'elle avait déjà perdu au moment de la révolution de 1789.
Saint-Secondin des vignes regroupait alors deux hameaux : le
hameau de Bury le plus important et le hameau de Molineuf.
Mais remontons un peu dans le temps pour connaître un peu mieux le passé
des Molinotiots.
De l'époque préhistorique, il ne subsiste aucune trace qui permet
d'attester de la présence de l'homme à Molineuf en ces temps reculés,
alors que l'on trouve de nombreux indices de sa présence dans certaines
contrées de la vallée de la Cisse. C'est notamment le cas
à Averdon, La Chapelle-Vendômoise et Landes Le Gaulois.
Il nous faut avancer jusqu'au
VIe siècle avant
Jésus-Christ pour
trouver traces de nos ancêtres Molinotiots. En ce temps là, les tribus
Celtes, venues de contrées de l'Est de l'Europe occupent une grande
partie de l'Europe occidentale. Chez nous, ce sont les Carnutes, peuple
d'agriculteurs et de commerçants qui s'implantent et vont créer leur
capitale Autricum, l'actuelle Chartres. Les Carnutes seront les premiers à exploiter les riches terres de la
Beauce. La Cisse, seule rivière de Beauce à s'écouler vers la Loire,
constituait pour eux un moyen de passage et de commerce entre les
provinces du nord et celles du sud de la Loire. C'est Jules César qui
mettra un terme à l'hégémonie des Celtes en Gaule. Peu à peu, le
mode de vie et l'organisation sociale des romains transforme la
société Gauloise. On parle dorénavant le roman à
Molineuf, et surtout
on y découvre la vigne qui y est cultivée dès le IVe
siècle.
Dès
le IIIe siècle, les
Francs, peuples germaniques,
envahissent la Gaule qu' ils occuperont presque en totalité à la fin
du IXe siècle. C'est ce peuple qui donnera naissance à la première
dynastie des rois de France, les Mérovingiens,
puis à celle des Carolingiens
dont Charlemagne fut le descendant le plus illustre.
Peu à peu, le catholicisme supplante les anciens cultes druidiques. Au
cours de la période du Moyen-Âge, les moines de l'abbaye de Marmoutier,
fondée en 372 à Tours, vont étendre leur domaine spirituel sur
l'ensemble de la vallée de la Cisse. En 1121,
ils créent à Molineuf le prieuré des Tirons sur une terre donnée par
Geoffroy de Bourreau seigneur de Bury, située sur l'actuelle route de
chambon. Ils vont entreprendre la déforestation d'une partie de la
forêt des Blémars, réputée presque infranchissable, et qui
s'étendait de Blois à Château-Renault. C'est à eux que
l'on doit également l'aménagement du cours de la Cisse et
l'implantation de nombreux moulins à eaux
utilisés pour moudre le blé
venu de Beauce. Il y avait parmi eux un moulin nommé "le moulin neuf" qui, plusieurs siècles plus tard, donnera son nom à
notre village. Au XIIe siècle, les moines de Marmoutier débutent
l'édification de l'église de Saint-Secondin qui sera achevée un
siècle plus tard.
Au XIVe siècle débute, entre le royaume de France de Philippe VI de
Valois et le royaune d'Angleterre d'Henri III, une guerre qui va durer
plus de cent
ans. Vers 1360, le château de Bury
est occupé par les Anglais puis libéré en 1365. Charles V ordonne la
destruction de Bury ainsi que de nombreuses forteresses féodales qui
servaient de refuge aux Anglais.
Pour nos ancêtres Molinotiots, la vie alors était rude et de courte durée.
Beaucoup travaillaient la vigne qui occupait presque tous les coteaux. Quelques uns, les "boisilleurs", travaillent en forêt,
mais tous peinaient d'abord pour le service de leur seigneur. II en
était ainsi au temps de la féodalité.
Puis ce fut au XVIe siècle l'avènement de la
renaissance.
Florimond
Robertet, secrétaire du roi et
Trésorier de France, commence en 1511 la construction à Bury de ce qui
deviendra le premier château d'architecture renaissance en France. En
1622, Charles de Rostaing, lointain descendant de Florimond Robertet,
devient propriétaire du château de Bury, rattaché au comté d'Onzain.
Après sa mort, le château de Bury sera peu à peu démantelé, et en
1720, il ne restait pratiquement rien du magnifique château renaissance
de Robertet.
La
vigne à Molineuf
Durant de très nombreuses années, la prospérité des Molinotiots a dépendu
presque exclusivement de la vigne avec, hélas, quelques vicissitudes.
Le XVIIe siècle vit la création à Molineuf des premières closeries
par de riches bourgeois Blésois. Il s'agissait de vignoble au milieu
duquel était érigée une bâtisse servant de cellier et d'habitation.
Si la vigne a disparu depuis à Molineuf, quelques bâtisses existent
encore de nos jours (la Baillèterie, la Berthelotière, la
Grossardière, le manoir de Nervault etc..).
L'époque révolutionnaire fut sans doute bien moins troublée à Molineuf que
dans d'autres contrées. Par la plume de l'abbé Polier, curé de
Saint-Secondin de 1762 à 1814, on se contenta de consigner dans les cahiers de
doléances quelques remarques acerbes contre Necker,
ministre des finances de Louis XVI, que l'on jugeait seul responsable des
malheurs et de la disette qui frappait le peuple. On débaptisa le
village, qui se nommait alors Saint-Secondin-des-vignes, pour lui donner le nom de
Molineuf, nom qu'elle perdra rapidement pour redevenir
Saint-Secondin-des-vignes. Allez-savoir pourquoi! Quoi qu 'il en
soit, après cet épisode révolutionnaire, on retourna au travail
de la vigne..!
Avec
le XIXè siècle arrive l'époque de l'industrialisation. On construit
des chemins de fer un peu partout en France. Molineuf, aussi aura son
petit train que l'on nommait alors tramway, une ligne ferroviaire
reliant Blois (gare des Lyces) à Château-Renault en passant par
Coulanges, Chambon-sur-Cisse, Molineuf, Orchaise. Ah! la côte
d'Orchaise!....il faudra souvent descendre du train pour qu'il puisse la
gravir. On construira aussi des usines qui ont besoin de bras. On les
trouvera dans les quartiers populaires mais aussi dans les campagnes qui
commenceront à se vider.
Dorénavant
concurencée par d'autres vignobles plus facilement exploitables, la
vigne à Molineuf perd peu à peu son intérêt. Le phylloxera qui
sévira vers la fin du XIXè siècle et au début du XXè siècle lui
portera un coup fatal. Il ne restera bientôt à Molineuf que quelques
rangs de vignes qui, eux-aussi, finiront par disparaitre.
Mais
juste avant la "première", on prit le temps, le 5 juillet
1913, de changer une fois encore le nom de la commune qui
redevient Molineuf.... peut-être en écho à l'anticléricalisme qui
imprégnait la société au début du XXè siècle?.
Quant
aux guerres, quelles traces ont-elles laissé à Molineuf?
De la guerre de
1870, on garde à Molineuf le témoignage écrit du passage des troupes de l'armée prussienne qui durant près de trois mois
occupèrent maisons et remises qu'ils pillèrent sans retenue. Cette guerre qui devait coûter la
vie à plus de 150 000 Français, a semble-t-il provoqué peu de perte
en vie humaine à Molineuf même si, sur Molineuf, Chambon et Orchaise,
4 victimes du conflit furent à déplorer.
Il en fut tout autrement pour la
"grande guerre" de 1914-1918 comme ce fut le cas dans toutes
les villes et tous les villages de France. Molineuf qui comptait environ 480
habitants au début de la guerre, perdit 25 hommes dans la force de
l'âge.
De la guerre de
1939-1945 qui fit plus de 62 millions de victimes dans le monde, le monument aux morts
de Molineuf conserve le nom
de sept victimes tuées dans des circonstances diverses.
Ainsi vivaient nos concitoyens, habitants d'un petit village de France.
On
ne peut parler de Molineuf sans évoquer le
forêt de Blois qui occupe la moitié de sa superficie. Vestige de
l'ancienne et vaste forêt des Blemars, elle fut aussi un moyen de
subsistance pour les Molinotiots.
Et
aujourd'hui, que devient Molineuf?
A
partir de la fin des années 1960, le village se transforma à la faveur de la
périurbanisation et vit sa population doubler en moins de 20 ans entre
1968 et 1982 pour se stabiliser autour de 800 habitants. Molineuf perdit
ainsi son
caractère rural même s'il subsite encore quelques terres cultivées
(plaine de Saint-Secondin). Quant à la vigne, elle finit par
disparaître des paysages molinotiots. Les closeries sont devenues des
résidences recherchées, comme ces moulins où l'on ne broie plus le grain
depuis bien longtemps. Un lotissement a remplacé une ancienne ferme. Un
autre accueillera bientôt de nouveaux habitants, des maisons ont été
construites sur des terres de vignes abandonnées. Mais les molinotiots
d'aujourd'hui, nés ici ou venus d'ailleurs, restent profondément
attachés à ce petit village noyé dans un océan de verdure au creux
de la vallée de la Cisse.
En 2016, Molineuf
rejoignit sa voisine bientôt immitée par Chambon-sur-Cisse pour
fonder la commune nouvelle de Valencisse.
Mais
là, c'est une autre histoire
qui commence....
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